Résumé

Cette thèse a pour objet l'étude des imaginaires politiques à partir de l'analyse de pratiques audiovisuelles développées lors de l'Estallido social (explosion sociale), un « événement monstre »[1] survenu au Chili entre 2019 et 2020. Ce mouvement social a été le sujet de plus de quatre cents reportages, de pièces d'art-vidéos, de documentaires, de clips musicaux et de captations[2]. Durant toute la durée du mouvement social, ces productions audiovisuelles ont été réalisées dans des grandes villes chiliennes, notamment au centre-ville de Santiago, la capitale du Chili, et ont contribué à la création d'un nouvel imaginaire politique en lien avec l'espace urbain.

Ma recherche s'attache à définir les poétiques et les discours politiques de ces documents audiovisuels ainsi qu'à identifier et à comprendre les rapports sociaux et la réalité́́ politique qu'ils mettent en scène dans l'espace public de Santiago, la capitale du Chili. En ce sens, méthodologiquement, j'analyse ce que ces films représentent (leur valeur symbolique), mais aussi, et c'est ce qui distingue ma recherche, ce que leurs mises en scènes opèrent : les situations qu'elles construisent, les populations qu'elles rassemblent, les relations d'inclusion ou d'exclusion qu'elles établissent et les frontières qu'elles tracent ou effacent entre les représentations de la réalité́ et les mouvements de pensée dans l'espace urbain.

Du point de vue théorique, cette recherche s'inscrit à la croisée des études cinématographiques, de la philosophie et de l'histoire culturelle. Elle s'appuiera sur des documents d'archives, complétés par des entretiens avec des créateurs et des créatrices, et permettant de contextualiser l'analyse filmique des représentations audiovisuelles du mouvement.

[1] Pierre Nora, « L'événement monstre », Edgar Morin (dir.), Communications n°18, Persée, Lyon, 1972. p.162-172.